Maison de la Soie
Publié le 21/10/2013 | 6081 vues
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Jiangnan Silk
No.289 Aomen Road, Putuo District,
Shanghai 200000
Tél 021-62660378
Quelques panneaux pas très bien traduits en anglais nous renseignent sur l'histoire de la soie.
Une légende raconte que, vers 2700 avant J.-C., la Princesse Xi Ling, première épouse de l’Empereur Huang, découvrit par hasard le secret du dévidage du cocon du ver à soie, suite à la chute accidentelle d'un cocon dans son thé chaud. Elle enseigna comment élever ces utiles petites bêtes et obtenir un fil de soie pour tisser des vêtements.
Le ver à soie s'entoure d'un cocon qu'il tisse lui-même, pour ensuite devenir une chrysalide, puis un papillon.
Heureusement, le guide du magasin a passé quelques années en France : non seulement il parle un Français excellent, mais en plus son boniment est très rodé et plein d'humour.
Un fil de soie d'un cocn simple mesure 1000 à 1200 m. Pour un cocn double (deux vers dans un même cocon)... c'est le double.
Les pauvres chrysalides sont étouffées dans un courant d'air très chaud.
Pour obtenir un fil de soie tels que ceux qui sont en train se s'enrouler, on mélange les fils de 8 à 10 des cocons qui baignent dans l'eau (3 à 5 pour des foulards très fins, 30 pour des soies très épaisses, 150 pour certaines robes de cérémonies). A force d'être déroulés, les cocons deviennent de plus en plus transparent, on voir la chrysalide à travers. Rien ne se perd : la chrysalide, riche en protéines et en acides aminés, sera utilisé dans l'alimentation animale. La coque servira dans la fabrication de crèmes de beauté. Notre guide conclut, hilare : "Tout est bon dans le cocon !"
Plus chaude, plus résistante (c'est pour cela qu'en Europe on utilise encore les anciens parachutes de la 2e guerre mondiale), insensible aux moisissures, non allergisante, non génératrice d'électricité statique, moins inflammable que le coton (il fait le test devant nous avec un briquet), la soie a décidément tous les avantages...
Le cocon double qui n'est pas utilisé pour faire du fil de soie est utilisé pour faire des couettes. Ils sont ouverts afin d'obtenir une poche, et empilés sur un arceau de bois afin de les distendre ("Touchez Madame, c'est doux hein ?"). On obtient ainsi un petit bonnet. Ensuite, on les déplace sur un arceau plus grand, afin de distendre le bonnet. Ensuite, on le sèche, et on obtient une matière très légère (3 fois plus légère que du coton). Le guide du musée fait tester à ces messieurs la solidité du bonnet ainsi obtenu. "C'est dur hein ? Même si je prends un Monsieur plus costaud. Vous comprenez pourquoi les Américains les utilisent pour leurs gilets pare-balle"
Ensuite, ce bonnet passe dans un autre atelier pour subir un nouvel agrandissement, afin d'obtenir la couette semi-finie. L'agrandissement se fait couche par couche. Cette étape se fait obligatoirement à la main, dans leurs grandes usines 300 tables et 1200 personnes sont employées à ce poste. La guide attire notre attention sur le fait que les employées ne portent ni masque, ni gants : la soie n'est ni irritante, ni allergisante, et ne dégage pas de poussières. Pour nous le prouver, le guide s'allonge sur le couette, en se relevant quelques fils se sont accrochés à sa chemise, il déclare que c'est sa façon d'en embarquer un peu à chaque fois, et qu'à la fin de l'année ça lui en fait assez pour une couette gratuite.
Après nous avoir montré l'agrandissement avec 4 salariées, il nous fait essayer : le tissu se déchire, il dit en rigolant "c'était votre premier jour de stage !". La couette utilisée pour la démonstration comporte déjà 45 couches, ce qui fait 4500 cocons. Il nous fait sentir l'odeur de soie de la couette et nous dit qu'il n'y a aucun produit chimique ajouté.
Le guide nous fait passer dans une 3e salle, nous fait sentir à quel point les couettes sont chaudes et légères. "C'est la seule couette sans surpiqûres, car ça ne bouge pas de la housse". Il nous montre une housse en soie, "touchez, c'est comme de la peau de bébé".
Comment l'entretenir ? D'après lui, il suffit d'aérer la couette, et la housse en soie passe en machine (programme soie), "chez nous on appelle ça une housse de feignant, pas de repassage !". Il attire notre attention sur un astucieux système de fixation de la housse aux coins de la couette et glisse que "en 5000 ens d'histoire, y en a dans la tête. Monsieur n'aura plus besoin de monter sur le tabouret pour secouer la couette". Comment laver la couette ? On peut ravoir les petites taches tout simplement avec du shampoing pour les cheveux ! Sinon, on peut la mettre dans la machine à laver, pliée en 4 dans un sac en tissu avec quelques balles de lavage et quelques gouttes de shampoing. Sinon, au pressing, en prévenant bien qu'il s'agit d'une couette en soie.
D'après lui, nombre sont les hôtels de Shanghai qui ont adopté les couettes en soie. Il nous conseille de faire le test ce soir : poser sa main sur la couette et frotter la couette avec un mouvement circulaire, ça doit glisser. Et si ce n'est pas concluant, sortir des allumettes !
Ensuite, nous passons à la boutique. La gamme est vaste, diverses dimensions et poids. Il nous dit que la gamme Special (petite taille), c'est pour les Allemands et les Alsaciens, car ils dorment dans le même lit mais chacun sa couette. Les prix vont de 480 à 950 yuan. Il affirme que c'est un produit qu'on n'a pas besoin de déclarer à la douane, et que ça compte hors bagage. Ils prennent les yuan, les euros et la carte bancaire. Les résultats sont là : nombre sont nos compagnons de voyage qui repartent avec une couette en soie.
Ensuite, nous faisons un tour dans la boutique, comme toujours c'est immense, des soieries à perte de vue : écharpes, vêtements, de quoi se perdre.