Palais impérial, résidence de montagne
Publié le 19/08/2013 | 4122 vues
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La résidence de montagne sur le site de l'UNESCO.
La résidence de montagne de Chengde (Bìshǔ Shānzhuāng 避暑山庄) était le palais d'été de la dynastie Qing. Le jardin reproduit en miniature les paysages les plus connus de la Chine, les Empereurs de cette dynastie aimaient à voyager, notamment dans le Sud de la Chine...
Sa construction dura 89 ans, de 1703 à 1792, soit 3 générations d'Empereurs (Kang Xi, Yong Zheng et Qian Long). Elle couvre une superficie totale de 5,64 km², pratiquement la moitié de la superficie de la ville. C'est le plus grand jardin impérial existant au monde. Au Nord-Ouest, nous avons la zone de montagnes (la plus vaste, totalisant plus de 120 groupes de bâtiments, elle évoque les paysages du Nord de la Chine). Au Sud-Est, c'est la zone des lacs (8 en tout, avec 72 sites différents, qui rappellent les paysages du Sud de la Chine). Et au Nord-Est, c'est la zone de plaines. Le jardin est entouré d'un mur de 10,5 km rappelant la Grande muraille.
La résidence de montagne est connue pour bénéficier d'une température de 3 à 5°C inférieure à celle de la ville de Chengde elle-même (mais nous n'avons pas vérifié). Elle a été inscrite en 1994 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Nous entrons par la Porte du Midi (Wǔmén ou Li Zhèng Mén,comme écrit sur le fronton au-dessus de l'arche en 5 langues : mandchou, tibétain, chinois, ouïgour et mongol), la seule des 9 portes qui était réservée à l'Empereur. Nous passons par des tourniquets, chaque visiteur qui passe se voit salué d'un « xǐng xǐng » par une voix électronique. On est dimanche, donc il y a beaucoup de monde, et de bruit : promeneurs avec leur transistor, groupes de touristes Chinois suivant leur guide qui hurlent dans leur mégaphone, quelques gamins mal élevés...
Après une présentation du lieu devant le plan général, nous commençons par un petit cours de taï-chi dans les jardins du palais impérial avec deux professeurs d'un âge vénérable. Ils nous expliquent qu'en Chine, les jeunes font du yoga, les retraités font du taï-chi. Ils précisent que le taï-chi doit être pratiqué tous les jours, il ne faut jamais arrêter. Nous tentons maladroitement de reproduire les mouvements qu'il nous montrent.
Nous commençons notre promenade derrière le drapeau de notre guide. On pourrait y passer deux journées, tellement il y a de jolies choses à découvrir. Charmants petits kiosques, palais aux noms si poétiques (Salle du Désintéressement et du Respect silencieux, Bureau des Quatre Connaissances), cours, belles statues… La guide locale explique, notre guide traduit dans la langue de Molière.
Petite pause devant deux statues de lion en bronze. Notre guide nous explique que, durant la guerre sino-japonaise, l'envahisseur Japonais a voulu s'emparer de ces deux statues. Les Chinois ont appliqué du sang de cochon sous les yeux des lions afin de faire croire qu'ils versaient des larmes de sang. Les Japonais ont pris peur et sont repartis sans oser emporter les statues...
Nous passons près du bâtiment où se traitaient les affaires d'Etat, devant la salle de réception impériale où les chefs des minorités venaient visiter l'Empereur.
Notre guide nous explique que les chefs des minorités redoutaient la chaleur de Pékin, d'autant qu'à l'époque sévissait la variole, qu'ils craignaient de contracter. Les petits palais destinés à accueillir les chefs des minorités sont disposés tout autour du palais impérial, telles des étoiles autour de la lune.
Aux yeux des Empereurs de cette dynastie, la Grande muraille ne serait jamais assez solide pour repousser indéfiniment les envahisseurs. Ils ont donc opté pour une politique visant à établir des relations d'amitiés avec les minorités voisines. C'est pourquoi un dicton dit qu'il n'y a jamais de travaux sur la grande muraille à l'époque des Qing.
Les favorites habitaient dans des palais situés non loin de l'Empereur. Certains bâtiments sont actuellement en restauration. Nous passons près de la salle de repos, puis d'une salle de réunion, destinée aux personnages importants tels les mandarins. ensuite, ce sont les logements réservés aux eunuques, qui sont ont été depuis transformés en un musée. C'est à ce niveau que se trouve la séparation entre cour intérieure et cour extérieure. Un garçon de plus de 14 ans ne pouvait pas dépasser cette limite. Les seules personnes de sexe masculin autorisées à l'époque étaient l'Empereur et le 7e Panchen lama pour se rendre prier dans le temple de l'autre côté. Pourquoi lui ? Parce qu'il avait fait un an de trajet depuis le Tibet pour venir souhaiter son 60e anniversaire à l'Empereur, ce qui a beaucoup touché celui-ci. A ce titre, il fut également la seule personne autorisée à monter dans le palanquin impérial pour se promener dans le jardin.
Nous entrons dans le musée pour admirer de magnifiques porcelaines et cloisonnés. Les légendes sont en chinois et en anglais. On y apprend que la porcelaine est une céramique produite à partir d'argile contenant du kaolin par cuisson à très haute température, et que la Chine a grandement contribué l'évolution de la civilisation en l'inventant. D'après l'exposition, il faut remonter à plus de 3000 ans en arrière (dynastie Shang) pour trouver les premiers exemplaires de porcelaine. Le Celadon et la porcelaine blanche ont été développés durant les dynasties Tang et Sui (581-907). La dynastie des Song (969-1279) a connu le sommet de la création en matière de porcelaine. La technique de bleu-et-blanc de Jindezhen (une ville chinoise considérée comme la capitale mondiale de la porcelaine) s'est développée durant la dynastie des Yuan. Les fours à céramique (kilns) de Jindezhen furent établis durant les premières décennies de la dynastie Ming (1368-1644). Les porcelaines qui y étaient réalisées étaient destinées à la Cour. Durant la dynastie Qing, la porcelaine connut un immense succès. Les porcelaines exposées dans le musée que nous visitons sont issues de la collection du Chengde Mountain Resort Museum, ce sont essentiellement des objets de décoration et d'usage quotidien. Elles représentent le sommet de l'art de la porcelaine sous la dynastie Qing. On y trouve des objets en porcelaines de la famille rose (en Français dans le texte, fin du règne de l'Empereur Kangxi / règne de l'Empereur Yongzheng), Lang-Kiln red à glaçure rouge (44e année de règne de l'Empereur Kangxi, nommé d'après le nom d'un superviseur de fours à céramiques), le classique bleu-et-blanc, et le flambé (également en Français dans le texte).
Grâce à la visite de la veille, le cloisonné n'a déjà (presque) plus de secrets pour nous. Nous découvrons également des objets utilisant des dérivés tels que le champlevé, le repoussé et l'émail peint.
Nous retrouvons notre guide à la sortie du musée. Elle nous explique que le règne de l'Empereur Kangxi a duré 61 ans (le plus long de l'histoire de la Chine). Très précoce, il est monté sur trône à l'âge de 8 ans. C'est son petit-fils qui lui a succédé. Celui-ci aurait déclaré que son règne ne pourrait en aucun cas dépasser la durée de celui de son grand-père. Encore une autre raison pour laquelle l'Empereur a décidé de construire son palais à Chengde, c'est pour sa position proche de la Mongolie intérieure. Et aussi parce que le site permettait l'entraînement des cavaliers de ses armées. A cette époque, il y avait peu de moyens de transports de disponible. parmi eux, le fameux palanquin, ou chaise à porteurs. Entre Chengde et Pékin, il fallait compter 3 semaines en palanquin. Il fallait pour chaque nuit construire un petit palais impérial. L'itinéraire entre ces deux villes est donc ponctué d'une trentaine de petits palais... L'Empereur arrivait à Chengde plutôt en automne, pour la chasse. L'Empereur chassait en compagnie de ses soldats et de soldats issus des peuples avec lesquels l'Empereur souhaitait améliorer les relations diplomatiques. Le meilleur chasseur était récompensé. Des généraux ou des mandarins de passage étaient invités à se joindre à eux. Le but de l'Empereur était notamment de montrer aux soldats étrangers la valeur de ses propres soldats.
Direction les quartiers résidentiels. Le prochain palais abrite la chambre à coucher de l'Empereur. Tous les matins, une favorite venait saluer l'Empereur et converser avec lui autour d'une tasse de thé. Les deux jarres en cloisonné étaient destinés à recevoir de la glace, ils servaient à la fois de frigo et de climatiseur.

Yan Bo Zhi Shuang hall
Nous passons devant une plaque commémorative intitulée « No forgetting the national humiliation » qui explique que c'est ici que Xianfeng a été forcé, le 28 octobre 1860, de signer le traité de Pékin avec les britannique, les Français et les Russes, qui cédait la partie méridionale de Kowloon à la Grande Bretagne, et confirmait le traité d'Aihui selon lequel plus de 1 000 000 de km² situés entre le Nord de la rivière Heilongjiang et l'Est de la rivière Wusulijiang était cédé à la Russie (mettant un terme à la seconde guerre de l'opium).

Plaque commémorative du traité de Pékin
Plus loin, nous avons la résidence et la chambre à coucher de la terrible Impératrice Ci-Xi. En 1861, après son coup d'Etat, Ci-Xi a commencé à gérer les affaires de l'Etat dans l'ombre. Nos guides nous racontent qu'elle était réputée pour son train de vie incroyablement fastueux : pour un repas de Ci-Xi, plus de 100 plats différents étaient présentés. A l'époque, les dignitaires craignaient de se faire empoisonner. Donc, un eunuque était chargé de goûter les plats. Ou alors, on testait en trempant une cuillère en argent.
Dans la Chine féodale, les Impératrices n'avaient pas le droit de porter de vêtements jaune vif, couleur réservée à l'Empereur. Seulement du jaune pâle ou de l'abricot. Seule Ci-Xi, pendant les dernières années de son règne, se permettait de porter des vêtements jaune vif. Avec des boutons en or pur…
L'Impératrice aimait à jouer au mah-jong et l'opéra de Pékin, jusqu'à revêtir certains de leurs costumes. Elle adorait ses chiens, au point de les habiller. Tandis que nous arrivons devant une photo de Ci-Xi prise alors qu'elle avait 70 ans, notre guide nous révèle ses secrets de beauté. Pour rester jeune, elle buvait un bol de lait maternel humain chaque matin. Elle s'appliquait sur la peau des crèmes à base de perles, se lavait les mains avec de l'eau dans laquelle avaient trempé toute la nuit des pièces de jade. Pour une douche, elle avait besoin de pas moins de 40 serviettes en coton. Et chacune de ses tenues était tissée de fils d'or.

Photo de Ci-Xi
Nous passons devant le West hall et devant un cabinet de toilette de lequel l'Impératrice, puis direction le Hall of Rosy Clouds Cover the Hill, et nous arrivons dans une cour dans lequel un escalier-sculpture en blocs de pierre taillés à la main permet d'accéder au deuxième étage (il n'y a pas d'autre escalier) : on monte à l'aide de la montagne.
Puis, nous longeons le lac, en musique… Nous croisons ne nombreux promeneurs, d'autres groupes de touristes, des voiturettes électriques.
Certains petits pavillons sont reconvertis en boutiques. Notre guide voit passer d'un œil amusé un groupe de touristes chinois qui portent tous la même casquette verte. Elle explique qu'en général, on évite le vert en Chine, car c'est la couleur des cocus.
D'après les descriptions que j'avais lues sur le net, des cerfs y vivent en liberté. Je caresse l'espoir de pouvoir en photographier… Mais on ne les verra pas, ils sont gardés à distance car certains seraient agressifs. Ou peut-être seulement un peu trop gourmands ?
Après la zone des lacs, nous passons sur la rivière la plus courte du monde.
Puis nous arrivons dans la zone des plaines. Un feu d'artifice diurne est en train de se tirer. Nous passons devant des yourtes en dur, derrière lesquelles nous apercevons la jolie pagode Yǒngyoùsì (永佑寺), inspirée de la pagode de Nankin. On aperçoit au loin une étrange montagne en forme de massue.
Nous ne traînons pas, car la pluie menace... Nous rejoignons le car par une autre des 9 portes du jardin.